Pour sa seconde édition
Festival des Cultures Juives
“Entre tradition et modernité“
Lausanne du 16 au 28 mars 2015
Cinéma - Matinée scolaire
Jeudi 26 mars
Matinée exclusivement réservée aux élèves et à leurs enseignants
Projection suivie d'un débat avec Ruth Dreifuss, ancienne Conseillère fédérale et Marc Perrenoud, historien
“Akte Grüninger“
Dossier Grüninger
Paul Grüninger, il a bravé la Loi : Désobéissance civique ? Délit d'humanité ?
Film - Drame, 2013 (VOST)
Réalisation : Alain Gsponer.
Scénario : Bernd Lange
Durée : 90 minutes.
Musique : R. Dorfmeister, M. Pogo Kreiner
Avec Stefan Kurt, Max Simonischek, Anatole Taubman, etc.
En février 1939, la devise de l'exposition nationale suisse a pour slogan
"la tradition de notre pays se doit d'accueillir les demandeurs d'asile sur notre territoire.
Pourtant, lorsque le gouvernement de Berne décide de fermer les frontières et de repousser les centaines de juifs cherchant à fuir l'Autriche de l'Anschluss, Paul Grüninger désobéit. Il accueille les émigrants par dizaines, antidate les passeports, falsifie les documents. Averties, les autorités le suspendent, avant de le juger et de le renvoyer de la fonction publique.
Avec l’aide de quelques subordonnés et avec la silencieuse bienveillance des habitants du village, il se met à falsifier les documents d’entrée des réfugiés en les antidatant d’avant l’ordre de blocage des frontières. Il ferme les yeux devant de faux visas. Ainsi, les exilés entrant dans le pays ne sauvent pas seulement leur vie, mais obtiennent aussi un statut officiel. Grüninger risque beaucoup ; il refuse pourtant la moindre somme d’argent, considérant son action comme un devoir. La désobéissance de ce capitaine de police a permis de sauver la vie de plus de 3000 Juifs d’Allemagne et d’Autriche.
Au début de l’année 1939, le nombre impressionnant de réfugiés qui passent en très peu de temps par le poste de frontière de Saint-Gall attire l’attention des chefs de la police : ils ouvrent une enquête et découvrent “l’activité illégale“ de Grüninger et de ses subordonnés. Ces derniers, simples exécutants aux ordres de leur supérieur, ne sont pas poursuivis. En revanche, Paul Grüninger est suspendu de ses fonctions en avril 1939, puis licencié définitivement de toute tâche de fonctionnaire.“
“Face à l'érosion du droit, la conscience...“
Ruth Dreifuss, Conseillère Fédérale (1994)
in “Délit d'humanité“ de Stefan Keller *
“Je n’ai pas honte du verdict du tribunal**.
Au contraire, je suis fier d'avoir sauvé la vie de centaines de personnes opprimées.
Mon assistance aux Juifs était enracinée dans ma vision chrétienne du monde ... Fondamentalement la question était de sauver des vies humaines menacées de mort.
Comment aurais-je pu à ce moment-là envisager sérieusement de rester dans le strict cadre bureaucratique.
Bien sûr, j’ai volontairement dépassé les limites de mon autorité, et j’ai souvent, de mes propres mains, falsifié des documents et des certificats, mais je l’ai fait uniquement pour permettre à des personnes persécutées d’entrer dans le pays.
Mon bien-être personnel, mesuré à l’aulne du sort cruel réservé à ces milliers de personnes, était si insignifiant et sans importance, que je ne l’ai jamais pris en considération".
Paul Grüninger (1954- 26 ans après sa révocation)
**“A la fin de son procès, qui dure 2 années (1940-42), un arrêt du tribunal de district de Saint Gall le déclare coupable de manquement à ses devoirs de fonction et de faux en écriture. Il a dû payer sa vie durant pour ses actes d'humanité considérés comme illégaux.“ (Rapport Bergier à l'usage des élèves- Le cas Grüninger, les passeurs et les filières- page 12. Genève 2002)
En 1971, un an avant sa mort, le mémorial “Yad Vashem“ (consacré aux victimes de la Shoah) a décidé d'honorer Paul Grüninger en lui décernant le titre de “Juste parmi les nations“.
“Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier“
Médaille de “Juste parmi les nations“, la plus haute distinction honorifique délivrée par l'Etat d'Israël à de civils.
Réhabilitation officielle de Paul Grüninger (22 août 2014):
Inauguration par Ruth Roduner- fille de Paul Grüninger âgée de 92 ans- d'une plaque commémorative placée à l'entrée du siège de la police cantonale de Saint-Gall en hommage à celui qui a sauvé des milliers de Juifs.
“Paul Grüninger devrait être un exemple pour nous tous“, a déclaré Fredy Fässler, chef du département cantonal de justice et police. Le canton de St-Gall peut être fier de Paul Grüninger, commandant de la police cantonale de 1919 à 1939, a-t-il ajouté.
Paul Grüninger a été réhabilité politiquement en 1996, il y a 21 ans. L'idée d'une réhabilitation par la police vient du corps de police lui-même. (ats/Newsnet)
Mme Ruth Roduner, fille de Paul Grüninger parle du film “Akte Grüninger“ en Jan 2014.
(...) Elle reconnait très bien son père dans ce film (...). C'était un homme joyeux... sportif... A l'origine, il était enseignant... C'est presque par hasard qu'il est entré dans la police... La famille a mené une bataille qui a duré longtemps... Plusieurs recours déposés pour le voir réhabilité ont été rejetés pour des raisons inexplicables... Les autorités ne voulaient pas entrer en matière... L'indemnité reçue par la famille, après la réhabilitation a servie à créer la “Fondation Grüninger“ dont l'objectif est “d'honorer la mémoire a mémoire de personnes qui ont agi, pendant la Deuxième guerre, en faveur de persécutés et de réfugiés, ou qui se sont engagées autrement dans le sens de la défense de l'humain.“
Dossier pédagogique, pour en savoir plus - “Enseigner c'est dire l'espérance“
- “Rapport Bergier à l'Usage des élèves“, documentaire présenté par Charles Heimberg 2ème éd. - Cycle d'orientation de Genève.
- “Commission Bergier“ - Rapport intermédiaire sur les réfugiés (1999), Rapport final de la Commission indépendante d'experts Suisse-Seconde Guerre Mondiale (2002).
- “Documents diplomatiques suisses“ dans lesquels on trouve des documents originaux sur la Suisse, notamment un dossier sur “La Suisse, les persécutions nazies et la Shoah“.
- “L'action 'tragique' des travailleurs du service public“, Actes du Colloque International de Genève, 15/16/17 septembre 2004 par Caloz-Tschopp M.-C., Dasen P., Spescha F.M. - édition L'Harmattan.
- “Le devoir de 'fidélité' à l'Etat à l'épreuve de la théorie juridique, de l'histoire et de la pratique“ Christophe Tafelmacher, Colloque International “L'action 'tragique' du personnel du servie public' sept. 2004- Genève.
- “Akte Grüninger, histoire d'un frontalier“, matériel pédagogique par Prof. Dr. Karin Fuchs (Maître de conférences) avec Catherine Morgenthaler et Nicole Riedweg (étudiants), PH Lucerne, (www.zge.phlu.ch)
- ** “Délit d'humanité- L'affaire Grüninger“, Stefan Keller, éditions d'en bas, 1994
- “Actes de la soirée d'hommage aux Justes de Suisse“- http://www.cicad.ch/sites/default/files/news/pdf/justes__2_.pdf
- Fondation Paul Gruninger- http://www.paul-grueninger.ch/pagine/stiftung/enquete_frz.html.
- “Les Justes Suisses“ François Wisard- ©CICAD 2007
- “Le combat des justes- Six récits de résistance“ *, éditions Delcourt, mai 2014
- “La Suisse et les Juifs 1933-1945 : Antisémitisme suisse, défense du judaïsme, politique internationale envers émigrants et les réfugiés“- Jacques Picard, éditions d'en bas, 2000
- “Deuxième génération- Ce que je n'ai pas dit à mon père“ de Michel Kichka, éditions Dargaud, mai 2012
Durant la Shoah, des femmes et des hommes ont risqué leur vie ou leur sécurité pour porter secours à des êtres humains que le régime nazi et ses collaborateurs voulaient exterminer. L’Etat d’Israël a tenu à honorer celles et ceux qui, tout en n’étant pas de confession juive, ont sauvé des Juifs. Il leur a décerné la médaille de «Juste parmi les Nations». A ce jour, une soixantaine de Suissesses et de Suisses ont ainsi été honorés. Ils ont œuvré en Suisse, mais plus encore dans des pays étrangers en guerre, principalement en France et en Hongrie. Cet ouvrage éclaire les actions remarquables de ces Justes, dont peu sont encore en vie et beaucoup restent méconnus. Il a été conçu dans une perspective pédagogique. Cette synthèse accessible permet de développer, notamment dans un cadre scolaire, tel thème ou telle action grâce à trois entrées: thématique, biographique et bibliographique. Ces récits doivent aussi offrir un message universel de courage civique: même dans les heures les plus sombres du vingtième siècle, des femmes et des hommes ont sacrifié leur propre sécurité, voire jusqu’à leur vie, pour secourir l’Autre, le persécuté.
Six “Justes parmi les nations“*, des héros bien connus des historiens mais trop peu du grand public...
Autant d'hommes et de femmes dont le récit authentique et touchant exprime l'humanité qui subsiste dans les événements les plus tragiques...
Cet album collectif est un travail de mémoire qui honore ces héros qui ont sauvé des milliers de personnes.
* Un dossier historique accompagne cet ouvrage.
Sa forme de BD permet de réfléchir ainsi que d'analyser avec les élèves les choix narratifs et d'illustrations faits par les auteurs pour mettre ces faits en image tout en respectant l'Histoire.